Urbaculture est un collectif informel de personnes intéressées par les thématiques de l’agriculture en milieu urbain.

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Pourquoi ce Collectif ?

Pourquoi faire se rencontrer aujourd’hui, les jardiniers, les collectifs citoyens, les élus, les professionnels et les chercheurs autour de la question de la ville et de la culture des végétaux ?

Nous y voyons des raisons pratiques, politiques, et intellectuelles.

Pratiquement, il est intéressant de faire se rencontrer des gens aux pratiques variées, allant de la culture traditionnelle aux méthodes 100 % hors-sol, en passant par les pratiques bio et les serres plus ou moins artificialisées. De surcroît, les mises en réseau entre personnes sont de plus en plus nécessaires dans une période où tout est possible mais où l’on se croise de moins en moins en personne. Enfin l’expérience du vivant est souvent âpre, difficile, nécessitant parfois plusieurs années, et tous les partages de connaissances sont essentiel.

Politiquement, les enjeux actuels liés à la place donnée au végétal en ville ne manquent pas : accès au foncier, privatisation du vivant, bétonnage des terrains agricoles, alibi écologique, questions énergétiques, gâchis climatique, pollutions des sols. Dans l’ensemble, la question de l’exploitation du vivant et de ses abus est aujourd’hui posée alors que les rétroactions négatives deviennent perceptibles avec des impacts environnementaux notamment.

Conceptuellement, ce qu’on appelle agriculture urbaine désigne un champ complexe qu’il est impossible d’aborder de manière linéaire.

Il faut d’abord déconstruire le terme même d’ “agriculture urbaine”. Il comporte en soi une contradiction interne : la ville se définit par opposition au lieu agricole. Le terme connote une rupture conceptuelle qui apparaît comme factice – la pratique agricole n’étant pas nouvelle dans le tissu urbain – et permet de mélanger les pratiques traditionnelles et les héritiers de l’agriculture intensive moderne soutenue par la science. Ce concept est également dynamisé par un regain d’intérêt profond pour la “nature” de notre société. Une contradiction, une fiction historique, un mouvement de société. Décompilons.

Interrogeons donc d’abord ce mouvement de société qui pousse les habitants des villes en 2021 à “revenir à la terre”.

Sans doute une bonne part de recherche individuelle. Celle d’une réalité tangible à l’heure du virtuel. Celle de racines historiques familiales dans une France au passé agricole. Celle de pratiques favorisant attention prolongée, objectifs à long terme, régularité.

Il y a certes une dimension loisir – agréable et réconfortante – mais il y a également des volontés de puissance plus profondes. La volonté de se réapproprier une capacité d’action et d’autonomie, un désir d’autoproduction des ressources alimentaires. In fine, une volonté de voir l’écologie se concrètiser ici et maintenant et par opposition, le rejet d’une agriculture intensive perçue comme nocive et destructrice comme celui d’une culture de masse abrutissante et vaine.

Maintenant, approfondissons le contexte historique et social. Le jardin en ville est loin d’être une idée neuve mais son essor dans les classes sociales des jeunes adultes citadins est remarquable. Les jardins partagés bio, de permaculture, avec compost maison, ont le vent en poupe tandis que les jardins ouvriers ou familiaux sont supprimés. Ce mouvement social s’opère donc à un moment particulier où l’hyperconsommation industrielle atteint ses limites et les rapports de force entre pouvoirs économiques et sociaux s’accentuent. Un mouvement d’opposition passive des jeunes générations se dessine.

Nous voici revenus à l’opposition initiale : l’agriculture urbaine, ce n’est pas que ce mouvement de société, c’est également un ensemble de projets qui visent à produire en masse des végétaux dans le tissu urbain en employant des techniques évoluées (hors-sol, éclairage articifiel) ou en végétalisant des surfaces non exploitables (murs, toits), voire en utilisant des sols au risque qu’ils soient pollués. Et donc le risque de voir le mouvement social exploité for profit, de reproduire des erreurs du passé.

Au final, nul ne détient la vérité en bien propre, et nous pensons que les échanges entre personnes d’horizons différents formeront des pratiques fructueuses et pérennes.

Car toutes ces démarches ne se font pas sans mal et les obstacles abondent. Difficultés d’obtention de terrains : le foncier est cher, la mobilité coûteuse. Complexité du vivant : la plante n’est pas une machine, la somme des connaissances nécessaires importante, les interactions entre espèces nombreuses tout comme les maladies et autres parasitages. Gestion du temps : présence régulière, absences compliquées, nombre d’heures important, réactions rapides. Coûts : des matériaux, des semences, des ressources. Rentabilité, difficultés des collectifs, changements politiques, aléas climatiques… la liste s’allonge ad nauseam.

Nous souhaitons donc participer à la recherche de nouveaux espaces, au sens figuré (espace culturel) comme au sens propre (terres cultivables) en utilisant notre approche de hackers : ouvrir la boîte, comprendre ce qui se passe, améliorer et faire circuler l’information.

Et dans ce texte bien long, nous n’avons pas tout dit. Quid des graines et des espèces ? De l’adaptation au milieu ? De la dimension paysagère ? Des interactions et rétroactions entre acteurs de la ville ? Du compostage ? Comme quoi, le sujet est bien plus vaste 😉

Qui sont les membres de Urbaculture ?

Nous sommes membres de hackerspaces et passionnés par les plantes.

Les hackerspaces (cf. https://interhacker.space pour plus d’informations) sont des lieux physiques permettant des échanges entre hackers – des personnes faisant un usage artistique de la technolie et non des personnes s’introduisant illégalement dans des ordinateurs.

Notre passion pour les plantes est un intérêt pour le vivant en général, un terrain extrêmement vaste, profond et complexe.