Carine MAYO, Terre Vivante, collection Conseils d’expert (2014), fiche du livre sur le site de l’éditeur www.terrevivante.org
Pour permettre aux ruraux comme aux citadins, aux débutants comme aux amateurs, de s’initier à ce mode de culture, l’auteure transmet dans cet ouvrage les savoir-faire, l’expérience et les conseils de nombreux experts.
Extrait de la 4e de couv
Une bonne introduction à un sujet complexe et une bonne source d’information incluant de nombreuses références fondamentales.
Un livre pédagogique et de bonne facture dont l’écriture, les illustrations, la mise en page sont soignés. De nombreux acteurs sont interviewés et leurs discours sont intéressants.
L’ouvrage est vivement conseillé si -comme moi- vous aviez une vision relativement confuse de ce qu’est la Permaculture. Et même si vous connaissez assez bien le sujet, vous pourrez toujours picorer des espèces et autres trucs de jardiniers dont l’ouvrage fourmille.
Au délà des basiques, la défense d’une méthode au rendement et à la productivité élevée due aux efforts mesurés est intéressante car elle sous-entend que la démarche est viable socialement et économiquement à condition d’éviter les erreurs de débutant.
On enfile les bottes
L’introduction présente le mouvement et la philosophie de la permaculture en citant l’australien Permaculture One de Bill MOLLISON et David HOLMGREN ainsi que le japonais La Révolution d’un seul brain de paille de Masanobu FUKUOKA. Elle détaille les 12 principes de la permaculture synthétisés par David HOLMGREN dans L’Essence de la Permaculture. Ces valeurs pratiques et morales forment l’un des axes essentiels de l’ouvrage.
Le chapitre « Une nouvelle conception du jardin » introduit le second axe, la dimension productiviste, la volonté de démontrer la corrélation entre les principes moraux, l’efficience énergétique et le rendement. Les travaux d’Emilia HAZELIP, Alan CHADWICK et John JEAVONS sont notamment cités
La partie « Aménager l’espace » expose des méthodes générales d’observation et de planification soutenues par des formateurs en permaculture. On retient en particulier la méthode OBREDIM pour Observation – Bordures – Ressources – Evaluation – Design – Implémentation – Maintenance.
Le vif du sujet pointe son nez avec « Les pratiques de jardinage » qui expose les thèmes centraux que sont la préservation des sols (paillage, absence de labours, refus des engrais chimiques), la diversité (des plants, des associations, des animaux), la gestion de l’espace et du temps (semis serrés, jardins verticaux, récoltes multiples), et enfin l’optimisation de l’énergie (peu de machines, économie d’eau, production locale de graines).
Paroles d’hommes de paille
« Sur le terrain » est sans doute le moment le plus marquant car les retours d’expérience se concrétisent autour de quatre thèmes.
« Les buttes » Un sujet clef vu l’attention qui lui est porté. Plusieurs schémas de buttes sont donnés avec une mise en avant des buttes avec bois mort de Sepp HOLTZER. On suit les applications de plusieurs « experts » : Richard WALLNER éditeur français de Patrick WHITEFIELD et auteur d’un guide de culture sur butte, Philip FORRER qui cite les travaux de Ruth STOUT, et enfin l’expérience de la ferme du Bec Hellouin que l’auteure cite à maintes reprises.
« La Forêt Jardin » Cette manière d’étager la production qui vise à reproduire une cohésion spatiale présente « naturellement » est soutenue par des références à Robert HART et Frank NATHIÉ et étoffée avec les retours d’expérience de trois exploitations : le jardin de Gilbert et Josine CARDON à Mouscron, la propriété de Nicolas Pézeril, et les méthodes de forêt-jardin de la ferme de Bec Hellouin.
« Le Jardin en Ville » voit les références s’étioler mais s’appuie notamment le travail intéressant de Christophe KÖPPEL à Strasbourg et celui plus succint de Claire et Gildas VERET.
« Allonger la période de production » concerne les chassis et les serres. Fini les retours d’expérience détaillés, malheureusement. Les schémas de Premiers pas en permaculture par Ross et Jenny MARS sont conseillés pour fabriquer ses propres modèles. La serre californienne à réserve d’eau a retenu mon attention, avec sa déviation sur l’aquaponie.
Des annexes référencent les sources de l’ouvrage, qu’il s’agisse de formateurs, de liens sur le web, d’ouvrages à consulter ou d’adresses pour se fournir en graines ou plants.
Quelques remarques
La démarche vulgarisatrice et non spécialiste n’est pas sans écueils. Le premier réside dans des contradictions internes issues de la tentative de concilier tous les points de vue et toutes les pratiques. On relève des répétitions qui donnent parfois l’impression de lire plusieurs articles mis bout à bout.
L’ouvrage souffre parfois d’un manque d’expressivité qu’occasionne le « lieu d’où parle » l’auteure, sa posture journalistique distanciée qui s’appuie sur la légitimité des « experts » pour appuyer des thèses non personnelles.